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L'EAU A BORD #2

L'EAU A BORD #2

LE TRAITEMENT / POTABILITÉ

Après avoir défini les différentes sources d’eau disponibles, établi ses besoins selon l’utilisation du navire, les types de navigation et le confort souhaité, il reste la question de la qualité de cette eau et des moyens existants pour la traiter à bord.

 

Les risques liés à l’eau

Quel que soit le moyen de récupération et/ou de stockage, l’eau à bord est souvent considérée comme impropre à la consommation. Dite « eau brute », l’eau vient à l’origine des nappes phréatiques pour 68% et des eaux dites de surfaces pour 32%. Selon l'Environmental Protection Society, 90% de ces eaux sont contaminées.

Les eaux souterraines sont naturellement chargées en sels minéraux, mais leur composition chimique peut varier en fonction de la nature géologique des sols traversés. Un terrain sablonneux donnera une eau faiblement minéralisée, On parlera d’eau plutôt douce. À l’inverse, un sol calcique, très minéralisé, fournira une eau plutôt dure, c’est-à-dire calcaire. Les nappes souterraines peuvent également être plus ou moins sensibles à la pollution. Suivant le sol d’origine, elles peuvent contenir différents éléments polluants dépassant les normes admises pour une eau potable.

Les eaux de surface, appelées également eaux superficielles, sont quant à elles constituées des eaux des fleuves, des torrents, des rivières, mais aussi d’eaux stagnantes, comme celles des lacs, des barrages, et de l’eau de la mer. Elles peuvent être douces, saumâtres ou salées et leur composition chimique dépend, elle aussi, de la nature des sols. S’ajoute à ces critères naturels de composition, la pollution provenant de l’activité humaine : rejets industriels, rejets de station d’épuration et rejets agricoles. L’eau brute peut potentiellement contenir des substances polluantes comme des résidus de pesticides, de fer, de fluor, ainsi que des solvants, des métaux lourds, des hydrocarbures, des nitrates… Finalement, l’eau à l’état naturel n’est pas potable.

 

Qu’est-ce que l’eau potable ?

L’OMS définit l’eau potable comme « une eau qui peut être bue ou utilisée à des fins sanitaires à raison de 2 litres par jour pendant toute une vie, sans risque pour la santé ». Si dans la plupart des pays, des normes strictes chiffrent des limites de composition chimique et réglementent la qualité et les infrastructures en imposant une surveillance régulière, la qualité de l’eau reste inégale au niveau planétaire. Étant la principale source de prolifération des virus (comme la polio ou les hépatites) ou de bactéries tels que le choléra ou la salmonelle ou encore les amibes, il est donc important de se renseigner sur la qualité/potabilité de l’eau disponible dans les zones naviguées.

Même si cela semble évident, il est important de soulever que le processus de filtration et de purification, dépend ainsi beaucoup de la source d’eau avec laquelle on se ravitaille. Une eau puisée dans des zones à la réglementation sanitaire normée, sera facilement rendue potable car saine et de bonne qualité dès le départ, qu’une eau sourcée dans des régions du tiers monde par exemple. Le processsus sera plus complexe sur une eau très contaminée.

 

Le processus de filtration et purification

 Il est donc nécessaire de dépolluer, de traiter et de surveiller l’eau quelque en soit la source. Intéressons-nous maintenant au circuit de filtration et de purification disponible pour garantir une eau propre et saine, toujours dans ce même souci d’autonomie. Il est important de différencier la filtration de l’eau de la purification ou de la potabilisation. Alors que la purification consiste à modifier la composition de l’eau pour la dépolluer et la rendre potable, la filtration lui ôtera seulement les plus grosses particules.

  1. Filtration mécanique :

Le processus de filtration commence toujours par la filtration mécanique. Les filtres textiles ou granulométriques, allant généralement de 25 à 5 microns et fonctionnant en entonnoir, ont pour but de débarrasser l’eau des plus grosses particules et des micro-organismes provenant des déchets humains et animaux et responsables des contaminations pathogènes évoquées précédemment.

La filtration mécanique est présente en amont du déssalinisateur, juste après la pompe de récupération d’eau de mer. Pour l’eau du quai ou l’eau de pluie, on pourra aisément clipser sur son tuyau, un porte-filtre en amont du réservoir.

Ces filtres nécessitent d’être nettoyés et changés régulièrement. L’alternative du filtre à sable (installation de piscine) nécessite plus de place à bord, mais à l’avantage d’être plus économique et de demander moins d'entretien.

2. Le processus chimique et/ou UV :

La seconde étape consiste à filtrer les particules les plus fines et à désinfecter l’eau. Le processus de filtration par charbon actif ou charbon activé est le plus utilisé. Ce filtre est un véritable piège pour presque tous les éléments physiques et chimiques responsables de la pollution de l’eau. Grâce à l’importante surface de ses pores et de ses grains qui lui confèrent de grandes qualités absorbantes, il séquestre les mauvais goûts, les odeurs, le chlore et les micropolluants, dont un très grand nombre de pesticides indésirables pour la santé.

Ce filtre peut être placé à différents endroits sur le réseau. Son emplacement sera défini par l’utilisation du navire. Sur un bateau de plaisance dont les sorties sont occasionnelles et en majorité journalières, on pourra le placer après les tanks et juste avant le robinet destiné à l’eau potable.

A contrario, sur un bateau de charter destiné à une activité plus intensive et à des fins commerciales, on décidera de placer ce filtre à charbon en amont du déssalinisateur. On l’ajoutera à la série de filtres dans le porte-filtre de son tuyau pour l’eau récupérée à quai. Installés en amont, ils préservent la membrane sensible du déssalinisateur et présentent l’avantage de stocker de l’eau saine et pure dans les réservoirs.

Le plus souvent présents sous forme de cartouches traitant un nombre de litres défini, ils devront être changés plus régulièrement s'ils sont placés en amont de la pompe de distribution puisque qu’ils traiteront toute l’eau distribuée à bord. L’alternative économique à cette étape est la cartouche rechargeable et les charbons en bidon. Idéale pour les navigateurs au long cours vivant à bord.

On peut enfin choisir de placer son système de charbon actif après les réservoirs directement au début du circuit. Il traitera alors l’eau des réservoirs qui peut elle-même se contaminer si elle stagne trop longtemps et alimentera tous les points d’eau du bateau d’une eau dépolluée et filtrée. Enfin, à cet emplacement, elle assurera également la préservation du circuit de distribution dans sa totalité.

Si l’on souhaite éviter ce processus chimique du traitement des réservoirs et une consommation excessive de filtres à charbon, la solution du traitement UV, qui se développe de plus en plus, semble être la meilleure alternative pour considérer l’eau comme potable à bord. Le système développé par la société Uvoji propose des cellules de traitement UV faciles à installer sur son réseau. L’installation d’un réacteur UV permet de neutraliser instantanément les agents pathogènes présents dans l’eau par l’émission d’UVC. Les photos à UVC vont casser l’ADN des micro-organismes, empêchant ainsi leur reproduction, ce qui les rend inoffensifs. Cette solution, couplée aux principes actifs des charbons, est idéale pour assurer la potabilité de l’eau, surtout lorsqu’on sait que l’efficacité des charbons est altérée par la température et que le processus UV est instantané et ne demande aucune maintenance.
On souligne donc la possibilité de coupler les process pour traiter l’eau.

Le stockage

L’eau stockée dans les réservoirs est le troisième point clé d’une eau saine à bord. Si son utilisation n’est pas régulière, voir quotidienne et que l’eau stagne pendant plusieurs semaines dans les réservoirs, elle est susceptible de prendre des mauvaises odeurs, et des algues et bactéries risquent de s’y développer. On contrôlera régulièrement l’eau des réservoirs à l’aide de bandelettes. Le contrôle qualité et sanitaire, parfois obligatoire dans un contexte d’utilisation commerciale, s’appuie sur les qualités microbiologiques (absence de parasites et de bactéries), physico-chimiques (température et PH), chimique et radiologique.

Pour traiter l’eau des réservoirs, la façon de procéder la plus répandue est d'ajouter un purificateur en poudre ou en tablette dans l'eau au moment du remplissage du réservoir. De tels produits, comme Aqua Clean, Mikropur ou Mikrosept, agissent avec des ions d'argent pour garder l'eau potable dans les réservoirs pendant 6 mois.

Les fabricants de ces produits proposent aussi des solutions de nettoyage de réservoirs. Généralement, c'est l'utilisation d'oxygène actif qui donne les meilleurs résultats pour le nettoyage de ces derniers. Cependant, les agents actifs contenant de l'argent doivent être manipulés avec précaution : l'autorité européenne de sécurité des aliments recommande une limite de 0,05 mg d'argent par kilogramme d'aliment. L'eau stérilisée dans ces conditions est autorisée pour une utilisation personnelle seulement. Ainsi, officiellement, on ne peut pas donner de l'eau venant de ses réservoirs à son voisin de ponton.

Enfin, si le navire est hiverné, il faudra prendre soin de bien vider le circuit d’eau. Un compresseur classique peut aisément faire l’affaire pour chasser l’eau du circuit. On peut également remplir son circuit d’un antigel le temps de l’hivernage.

Pour conclure, comprenons bien que l’autonomie en eau saine à bord dépend, au-delà des ressources, d’un circuit bien pensé, d’une surveillance régulière et d’un circuit correctement entretenu et qu’il dépendra, encore une fois, du type de navigation du navire.

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